Chacun s’accorde sur le fait qu’une organisation (entreprise, collectivité, association…) est un « système complexe ».
« Système » car l’organisation est d’abord composée d’un ensemble d’éléments (des êtres humains) en interactions (qui travaillent ensemble) à la poursuite d’un ou plusieurs objectifs et d’un but final, le développement (et parfois la survie) d’une organisation.
« Complexe » ensuite – dont l’étymologie latine « complexus » signifie « ce qui est tissé ensemble » – de par ses caractéristiques que sont entre autres, le désordre, l’indémêlable, l’incompréhensible, l’incertain…
L’approche systémique est précisément pensée pour accompagner le changement dans les systèmes complexes.
À partir des années 50, l’école de Palo Alto a réuni un grand nombre de chercheurs autour de la personnalité exceptionnelle de Gregory Bateson, posant ainsi les fondements des approches de la complexité, et notamment de l’approche systémique. Depuis, nombreux sont les apports théoriques et pratiques qui ont émergé des travaux issus de psychologues, psychiatres, sociologues et autres praticiens des sciences humaines. Les années 70 ont vu l’émergence de l’approche systémique en Europe et son application dans les organisations avec notamment les travaux Joel de Rosnay1, Jean-Louis le Moigne, Jacques-Antoine Malarewicz2…
Au milieu du 18ème siècle, la culture de l’industrialisation se modélise autour de la connaissance, du savoir, du contrôle dans une culture occidentale fortement influencée par la pensée cartésienne. Cette pensée reste aujourd’hui prédominante dans les organisations mais répond-elle toujours à une complexification toujours plus forte et rapide, aux transformations permanentes que connaissent aujourd’hui nos organisations, entreprises, secteurs publics ?
Penser systémique, c’est notamment prendre en compte la complexité des systèmes et des situations pour poser un regard différent sur les problématiques rencontrées.
Ainsi, l’approche systémique apporte un regard holistique et intégratif dans la résolution de problème, en se concentrant sur les dynamiques interactionnelles et les finalités globales. En ce sens, la transformation s’opère grâce à un changement de processus plutôt qu’à une recherche des causes. On passe alors d’une logique linéaire à une logique circulaire…
Un exemple au travail ? La récurrence de tensions entre deux équipes, des « réfractaires » à l’innovation, à la transversalité, amène la plupart du temps à la question « pourquoi y-a-t-il ce problème » ? Le mode opératoire pour y répondre peut souvent prendre la forme d’un audit, réalisé après moult entretiens individuels et un « diagnostic » de « la situation »… Bref, nous recherchons la cause et souvent un bouc-émissaire (qui peut être, suivant les vécus et/ou perception de chacun, le manager, le collaborateur « résistant au changement », tel ou tel service, la direction, les RH…).
1 De Rosnay, Joël. Le Macroscope, Éditions Points, 1974
2 Malarewicz, Jacques-Antoine. Systémique et entreprise, Éditions Pearson, 2012
Aucun problème ne peut être résolu sans changer le niveau de conscience qui l’a engendré3 :
Prendre en compte la complexité d’une situation, c’est renoncer à en trouver la cause4, car dans cette complexité, trop d’éléments visibles mais aussi invisibles sont à l’œuvre. Il nous faut alors penser autrement, « penser la complexité » pour citer Edgar Morin5, pour nous permettre ainsi de questionner différemment les problématiques rencontrées. Pas si facile…
L’approche systémique appliquée aux organisations apporte alors des techniques de questionnement concrètes, et souvent efficaces en nous invitant à penser « out of the box » : à quoi pourrait bien servir ce problème dans ce système ou encore comment faites-vous pour le garder ?
Encore faut-il savoir trouver les mots justes pour formuler une question adaptée, utile, et souvent paradoxale. Là encore, l’approche systémique et ses techniques de communication sont des leviers stratégiques pour créer les conditions du changement.
Penser systémique, c’est penser la complexité et aborder de manière adaptée les problématiques rencontrées dans les organisations.
Dans sa prise en compte de la complexité inhérente à toute organisation, l’approche systémique apporte des leviers et des outils concrets, contourne les phénomènes de bouc-émissarisation, co-responsabilise les acteurs du système en prenant soin des femmes, des hommes et des systèmes dans lesquels ils interagissent.
Vous souhaitez évaluer votre niveau de pensée systémique ? Notre quiz est ici : https://lesapprenantes.fr/quizz/
3 Citation attribuée à Albert Einstein
4 Voir « les 7 renoncements » de François Balta : https://www.youtube.com/watch?v=Ukn7XcxuwiU
5 Morin, Edgar. Introduction à la pensée complexe, Éditions Points, 2014
